Le centre du Mali est une nouvelle fois endeuillé par des massacres. Des dizaines de personnes ont perdu la vie dans des tueries lundi. Le bilan, encore provisoire, établi hier soir par le gouvernement, fait état de 38 morts et « de nombreux blessés ».
Les attaques ont été menées lundi contre les villages de Yoro et de Gangafani, séparés d’une quinzaine de kilomètres. Selon le gouvernement, les deux villages ont été attaqués par un commando d’une centaine d’individus armés circulant à moto.
Selon le maire de Yoro, les victimes sont pour la plupart des membres de l’ethnie dogon. Plusieurs dizaines de personnes ont également été blessées. Le gouvernement a ajouté que « des forces de défense et de sécurité ont été dépêchées sur les lieux pour sécuriser les populations et leurs biens et traquer les auteurs de ces attaques ».
Avec l’apparition en 2015 dans le centre du pays du groupe djihadiste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se sont multipliés entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs « groupes d’autodéfense ».
Depuis, le point d’orgue de ces violences le 23 mars dernier avec le massacre, attribué à des chasseurs dogons, de quelque 160 Peuls dans le village d’Ogossagou, près de la frontière avec le Burkina Faso, les violences sont de plus en plus fréquentes.
Le centre du Mali avait déjà été le théâtre d’un massacre contre une autre localité dogon, Dobame Da, le 9 juin, qui avait fait 35 morts, dont 24 enfants. Un porte-parole du Collectif des associations du pays dogon a interpelé le président Ibrahim Boubacar Keïta pour lui rappeler sa promesse de confisquer les armes illicites dans la région.
Ces violences interethniques compliquent une situation sécuritaire déjà fortement dégradée par l’expansion depuis 2015 des violences djihadistes du Nord vers le Centre, voire parfois le Sud du pays. La même crise est vécue au Burkina Faso et au Niger voisins.