Le gouverneur de la banque centrale indienne, Urjit Patel a annoncé lundi dernier sa démission, une démission qui, pour plusieurs observateurs, soulève la question de l’indépendance de la Banque centrale vis-à-vis du gouvernement de New Delhi.
Urjit Patel a avancé des raisons personnelles pour expliquer sa décision mais, pour beaucoup, il aurait été excédé par les efforts répétés du gouvernement pour influencer sa politique monétaire. Cela faisait plusieurs mois que le climat était tendu entre l’exécutif et la Banque centrale.
L’administration Modi serait mécontente de la politique monétaire sur de nombreux sujets, dont les taux d’intérêt, la manière d’utiliser les réserves et d’enrayer le déclin de la roupie.
A quelques mois des élections prévues pour l’an prochain, et où Narendra Modi doit briguer un second mandat, ce dernier est tenté d’inciter la Banque centrale à favoriser la croissance.
Selon les analystes, le gouvernement souhaiterait que l’institut monétaire abaisse les taux et injecte des liquidités dans l’économie.
Suite à la mise en garde en octobre par Viral Acharya, l’adjoint d’Urjit Patel, qui avait prévenu les autorités que les atteintes à l’indépendance de la RBI seraient « potentiellement catastrophiques », les quotidiens économiques indiens avaient écrit que le gouvernement avait envoyé au moins trois lettres au gouverneur afin d’influencer ses prises de décision.
Pour les analystes, le départ d’Urjit Patel est la preuve que l’autonomie de la RBI est menacée, que c’est mauvais pour l’image du gouvernement et que cela va probablement affecter à long terme la souveraineté de la banque centrale.
Urjit Patel a occupé le poste de gouverneur adjoint de la RBI pendant trois ans avant de succéder en août 2016 à Raghuram Rajan. Son mandat devait s’achever en septembre 2019. L’annonce de sa démission a entraîné un recul de la roupie mardi qui cédait plus de 1% à 72.19 pour un dollar.