Les négociations autour du bouclier antimissile entre Moscou et Washington butent encore sur le facteur méfiance que cultive chacune des deux parties envers l’autre.
Sur la question très sensible du déploiement du bouclier antimissile euro-américain aux frontières russes, les Etats-Unis et les autres membres de l’OTAN d’une part et la Russie d’autre part, ne parviennent toujours pas à trouver un terrain d’entente pour aboutir à un accord qui préserve les intérêts des uns et des autres.
La question figure parmi les sujets devant être débattus lors de la conférence internationale sur la sécurité en Europe que Moscou doit abriter au courant de ce mois de mai, en présence d’une quarantaine de personnalités, dont les ministres de la Défense de la Russie, des pays européens, des Etats-Unis, du Canada.
Le déploiement du système de défense antimissile américain en Europe constitue depuis la fin de la guerre froide, l’une des pierres d’achoppement des relations russo-américaines. Washington refuse de garantir que le nouveau système ne visera pas les forces de dissuasion nucléaire russes. Moscou menace de son côté, de déployer des missiles sol-air Iskander dans la région de Kaliningrad, enclavée entre la Lituanie et la Pologne, et de prendre d’autres mesures militaires et politiques.
Devant cette mésentente, les dirigeants des deux puissances nucléaires affichent néanmoins la volonté de poursuivre le dialogue pour trouver des solutions de compromis.
C’est dans cette optique que le président américain, Barack Obama a adressé dernièrement une lettre confidentielle à son homologue Vladimir Poutine dans laquelle il lui propose de conclure un accord juridiquement contraignant excluant toute menace des boucliers antimissiles contre leurs potentiels nucléaires respectifs.
Une proposition que le Kremlin serait tenté d’accepter, selon un diplomate russe, du moment que «la transparence est non seulement utile en elle-même, mais qu’elle sert également à renforcer la confiance mutuelle ».
Selon des sources russes bien informées, le président Poutine aurait déjà répondu à la proposition du président Obama. C’est le secrétaire du Conseil de sécurité russe, Nikolaï Patrouchev qui devait transmettre le 20 mai courant, la lettre de Poutine à Obama.
Toutefois, des observateurs occidentaux à Moscou, pensent que la proposition d’Obama ne fait que baliser le terrain à des négociations sérieuses, mais ne tranquillise pas tellement le Kremlin. L’accord en question, comme l’explique le Département d’Etat américain, est un acte qu’assume l’exécutif américain et qui ne demande pas l’aval du Congrès. Il pourrait donc être annulé à tout moment et sans grandes difficultés par le futur locataire du bureau ovale et c’est ce qui inquiète les dirigeants à Moscou.