Raghuram Rajan, 50 ans, doit prendre cette semaine ses fonctions de chef de la Banque centrale. Réputé réformateur, il hérite de la pire situation financière du pays depuis deux décennies.
Titulaire d’un doctorat du MIT (Massachusetts Institute of Technology), Raghuram Rajan s’est rendu célèbre pour avoir prédit la crise financière de 2008, notamment dans son livre « Fault Lines » (« Lignes de faille ») qui est devenu un livre de références sur les fractures financières qui menacent la stabilité économique mondiale. Ancien chef économiste du Fonds Monétaire International, il est un critique reconnu de la corruption indienne ainsi que de sa bureaucratie paralysante. Mais selon les analystes, son passé professionnel respecté ainsi que son excellente réputation ne suffiront pas à redresser immédiatement la situation économique du pays. Le principal concerné reconnaît lui-même qu’une disparition instantanée des problèmes actuels du pays serait utopique. Les diverses mesures annoncées par le gouvernement et la banque centrale n’ont pu stopper la dégringolade depuis plusieurs semaines maintenant de la devise nationale. La stabilisation de la roupie indienne devrait d’ailleurs être l’objectif prioritaire du nouveau gouverneur de la banque centrale. Celui-ci devrait pour ce faire maintenir les taux d’intérêt à un niveau élevé quitte à freiner encore plus la croissance, déjà au à son niveau le plus en dix ans. Mais sa marge de manœuvre devrait demeurer étroite du fait de l’étroite implication de la Banque de réserve indienne avec le pouvoir politique dans l’application de la politique monétaire.
Certains analystes anticipent, même s’ils la jugent exagérée, une dégradation de la situation économique du pays au niveau de 1991 quand l’Inde en quasi-faillite avait dû recourir au soutien du Fonds Monétaire International. Si un tel scénario venait à se reproduire, les liens du nouveau gouverneur avec son ancienne maison pourraient s’avérer précieux.