La France, ses partenaires européens et le Canada ont confirmé officiellement ce jeudi, le retrait du Mali des opérations antidjihadistes Barkhane et Takuba suite à la dégradation des relations avec la junte militaire au pouvoir à Bamako.
Dans une déclaration conjointe, ces pays ont indiqué que les conditions politiques, opérationnelles et juridiques ne sont plus réunies, et annoncent avoir décidé « le retrait coordonné» de leurs forces militaires du Mali, tout en rassurant sur leur «volonté de rester engagés dans la région» du Sahel en proie aux attaques djihadistes, et d’«étendre leur soutien aux pays voisins du golfe de Guinée et d’Afrique de l’Ouest».
Selon une source proche de l’Elysée, la France a promis de coordonner son retrait avec la mission de l’ONU au Mali et la Mission de formation de l’Union européenne au Mali (EUTM), qui continueront de bénéficier d’un soutien aérien et médical français sur place, avant le transfert ultérieur de ces moyens.
Paris compte poursuivre la lutte antidjihadiste dans la région, où les mouvements affiliés à Al-Qaïda ou au groupe Etat islamique ont conservé un pouvoir de nuisance malgré l’élimination de nombreux chefs.
La France est militairement présente depuis 2013 au Mali, proie des groupes djihadistes qui sévissent aussi dans d’autres Etats sahéliens. Après avoir enrayé la progression des groupes islamistes radicaux menaçant Bamako, Paris a mis sur pied une vaste opération antidjihadiste régionale, Barkhane comptant des milliers de soldats déployés pour lutter contre les franchises locales d’Al-Qaïda et du groupe Etat islamique.
Mais malgré ce soutien et des victoires tactiques, l’Etat malien et ses forces armées n’ont jamais véritablement repris le contrôle sur le terrain, et l’insécurité latente a créé et entretenu un sentiment antifrançais croissant dans la région.
La situation s’est définitivement aggravée avec le renversement du gouvernement malien lors d’un double coup d’Etat en 2020 et en 2021, qui a abouti à l’arrivée au pouvoir d’une junte qui refuse d’organiser des élections avant plusieurs années.