Selon un rapport rendu public lundi par l’organisation Médecins pour les Droits de l’Homme (MEDU), la majorité des migrants qui arrivent sur le sol italien après avoir été secourus en mer Méditerranée souffrent de plusieurs traumatismes qu’il est nécessaire de considérer lors de leur accueil.
Sur plusieurs mois, la MEDU a mené une étude auprès d’une centaine de demandeurs d’asile provenant d’Afrique de l’Ouest en Sicile et de 400 Erythréens, vivant dans des camps informels dans la capitale italienne, Rome. Pour les ouest-africains, leur périple s’est étendu, en moyenne, sur 22 mois. Quant aux Erythréens, c’est pendant une moyenne de 16 mois qu’ils ont voyagé. Deux trajets qui ont un point commun, à savoir la traversée du désert, surnommée la « route de l’enfer » : « le désert est plein de tombes. J’ai vu tant de cadavres, ceux qui étaient tombés du véhicule et ceux morts de soif », a relaté un Nigérian âgé de 19 ans. Par ailleurs, la plupart de ces migrants racontent avoir effectué un séjour horrible sur le territoire libyen juste avant de tenter la traversée de la Méditerranée : certains disent avoir été torturés ou battus tandis que d’autres, enfermés ou privés d’aliments. La minorité de ces voyageurs, soit 35 %, ne portent pas de cicatrices.
Dans la centaine de demandeurs d’asile interrogés en Sicile, 20 ont été confrontés au décès d’un compagnon de voyage, qui constituait des fois un proche, dans le désert ou en prison. Comme si cela ne suffisait pas, 15 ont vu un compagnon tué par des éléments de la police, des geôliers ou des trafiquants et le même nombre a vu un compagnon se jeter à la mer après avoir été pris de panique. A tout cela s’ajoutent les diverses violences à l’origine de leur décision de migrer. D’où, beaucoup d’entre eux souffrent de « symptômes physiques et psychologiques interconnectés », mentionne le rapport.