Une nouvelle flambée de violence a éclaté dans une prison équatorienne, faisant depuis samedi au moins 18 détenus morts et 11 blessés, dont un policier, dans le centre pénitentiaire de Guayaquil, également connu sous le nom de Guayas 1. Les autorités ont confirmé ces chiffres, qui viennent s’ajouter aux six détenus déjà décédés lors des affrontements de dimanche.
Les circonstances des violences sont particulièrement graves, avec des victimes décapitées et l’utilisation d’armes à feu durant les affrontements, selon un document officiel.
A l’extérieur de la prison, une centaine de personnes attendent désespérément des nouvelles de leurs proches détenus. Certaines manifestent pacifiquement, tenant des ballons blancs sur lesquels est inscrit « nous voulons la paix », exprimant ainsi leur souhait de mettre fin à cette spirale de violence. Une femme anonyme, par crainte pour sa sécurité, souligne l’indifférence des autorités envers les détenus et implore que leur dignité d’êtres humains soit respectée.
Ce n’est malheureusement pas la première fois que les prisons équatoriennes sont le théâtre de tels événements dramatiques. Depuis février 2021, ces établissements connaissent des massacres récurrents, entraînant plus de 420 décès parmi les détenus, souvent par décapitation ou brûlure. Face à cette situation, le gouvernement a déclaré l’état d’urgence dans tout le système pénitentiaire pour une durée de 60 jours, et a déployé 2 700 militaires et policiers dans le centre pénitentiaire de Guayaquil pour rétablir l’ordre.
Cependant, cette intervention musclée a également suscité des critiques, notamment de la part de l’Observatoire des prisons, un réseau d’universitaires et de chercheurs défendant les droits des détenus. Ce dernier a dénoncé la privation de nourriture et d’eau des détenus depuis plus de trois jours et a qualifié la militarisation des prisons d’une transformation de la souffrance humaine en un spectacle politique.
Suite aux affrontements, plus de 90 gardiens de prison ont été pris en otage dans différentes prisons du pays, et des détenus ont entamé un mouvement de grève de la faim. Le nombre exact de gardiens toujours retenus n’a pas été précisé.
Les prisons équatoriennes sont devenues des terrains d’opération pour les bandes criminelles, se disputant le marché de la drogue. Le pays compte actuellement 31 321 détenus, dont 3 245 étrangers, pour une capacité carcérale de 30 000 places. La majorité des prisonniers purge des peines liées au trafic de drogue, l’Équateur étant l’un des principaux producteurs mondiaux de cocaïne aux côtés de la Colombie et du Pérou.