Deux ressortissants français et deux autres chinois, dont deux cadres du groupe français «Ommic», spécialiste des semi-conducteurs, ont été mis en examen à Paris fin mars, soupçonnés d’avoir livré des secrets industriels à la Chine et à la Russie, rapportent des sources concordantes.
Ces quatre suspects sont toutes placés sous contrôle judiciaire. Deux sont notamment poursuivies pour « livraison à une puissance étrangère de procédés, documents ou fichiers de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation ». Cinq autres personnes ont été également arrêtées par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) lors du même coup de filet de mars.
L’instruction judiciaire qui a été confiée, selon le journal français Le Parisien à deux magistrats antiterroristes et un magistrat financier, porte également sur des soupçons d’exportations illégales en contrebande, d’association de malfaiteurs, de faux et usages de faux, d’abus de biens sociaux. D’importantes saisies pénales ont été opérées.
Spécialiste français de semi-conducteurs pour l’industrie des télécommunications et le domaine spatial, Ommic a été racheté en 2018 par Ruodan Z., un homme d’affaires chinois de 63 ans, qui en est devenu président en 2018 après avoir racheté 94% des parts via un fonds d’investissement créé en France. Domicilié en Chine, il serait recherché par la justice française. La maîtrise par Ommic du nitrure de gallium, un matériau qui permet une puissance démultipliée des semi-conducteurs, serait au cœur du dossier.
Selon les sources, Marc R., le directeur général d’Ommic, ainsi qu’une cadre chinoise de la société, ont été mis en examen le 24 mars pour livraison à une puissance étrangère de procédés, documents ou fichiers de nature à porter atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation, un crime passible en France, de quinze ans de détention criminelle et de 225.000 euros d’amende.
D’après le journal Le Parisien, la justice soupçonne Marc R. d’avoir « mis en place de nombreux stratagèmes de contournement pour livrer sciemment des puces puissantes et des informations sur des technologies sensibles à la Chine et à la Russie ».
Ces opérations auraient également abouti, via un « montage complexe, à transférer du matériel prohibé vers Moscou et contourner l’embargo commercial qui vise le pays depuis l’invasion de la Crimée, en passant par la Chine ».