Des milliers de Gazaouis ont quitté lundi l’est de Khan Younès dans la panique après de nouveaux bombardements dans cette ville du sud de la bande de Gaza par l’armée israélienne, qui a déclaré mener « une opération intensive contre des organisations terroristes ».
« En raison d’importantes activités terroristes et de tirs de roquettes en direction d’Israël depuis la partie orientale de la ‘zone humanitaire’, il est désormais dangereux d’y rester », a expliqué l’armée dans un communiqué, ordonnant aux habitants d’évacuer le secteur.
Nombre d’habitants ont décrit des scènes de chaos, expliquant que les frappes les avaient surpris au petit déjeuner. L’intensité des explosions les a poussés hors de chez eux, souvent des tentes installées au milieu des décombres d’immeubles bombardés lors de la récente offensive sur la ville de Khan Younès, quelques mois auparavant.
Après des bombardements ces dernières semaines sur ce que l’armée israélienne appelle la « zone humanitaire » d’al-Mawasi, nombre de Palestiniens ont peur d’aller dans ces étendues de tentes dont certaines ne sont que des morceaux de bâches accrochées à des piquets de bois.
« Nous sommes partis au milieu des bombardements de l’aviation, des chars, et des tirs de drones », raconte Youssef Abou Taimah, 27 ans : « Ils ont bombardé les habitations alors que les gens étaient encore à l’intérieur ». Il dit avoir vu « des blessés et des morts transportés sur des tuk-tuk et des charrettes tirées par des ânes vers l’hôpital Nasser » alors qu’il allait en direction d’al-Mawasi avec sa famille.
Au moins 70 personnes ont été tuées lundi et plus de 200 blessées, parmi lesquelles des enfants, selon un bilan provisoire du ministère de la Santé de la bande de Gaza, contrôlé par le Hamas.
Devant l’hôpital Nasser, des scènes déchirantes ont eu lieu sous le regard impuissant des soignants : un homme brandissant le cadavre d’un bébé en hurlant, une femme effondrée par le chagrin se frappant la tête tandis qu’un proche tente de la raisonner, des gens couverts de sang au regard hagard.
Dans l’est du gouvernorat de Khan Younès, on voit les silhouettes de femmes portant des sacs sur la tête, des hommes avec des enfants dans les bras, des adolescents portant des bidons ou des matelas de mousse dans leurs bras. Des milliers de personnes ont fui des maisons qu’elles venaient parfois à peine de retrouver.