La junte militaire au pouvoir a lancé samedi, une vaste consultation politique avec les parties et les acteurs de la société civile sur la transition censée ramener les civils à la tête de ce pays en proie aux attaques djihadistes meurtrières.
Ismaël Wagué, le porte-parole du Conseil national pour le salut du peuple (CNSP) mis en place par les putschistes, a précisé que la concertation nationale se poursuivra du 10 au 12 septembre à Bamako avec la participation des délégués régionaux et ceux de la diaspora.
Prévu pour le week-end précédent, le lancement de cette large consultation avait été reporté par les militaires en pleine querelle avec un acteur primordial de la crise, le Mouvement du 5 juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), une coalition d’organisations et de responsables politiques, religieux et civils qui se sont regrouper pour barrer le chemin à l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta pour un nouveau mandat.
Ce mouvement n’avait pas été invité à la première rencontre. Le M5-RFP, qui a canalisé l’exaspération des Maliens contre le président Keïta, à qui l’on reprochait depuis des mois la grave crise sécuritaire, économique et institutionnelle dans le pays, ainsi que la corruption de toute la classe politique, réclame d’être placé sur un pied d’égalité avec la junte et avait accusé celle-ci de chercher à «confisquer» le changement.
Le M5-RFP figurait cette fois explicitement parmi les participants annoncés, avec les partis politiques, les organisations de la société civile, d’anciens groupes rebelles, les syndicats et la presse.
Par contre, aucun représentant de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA), l’ex-rébellion à dominante touareg, signataire de l’accord de paix de 2015 destiné à mettre fin à la crise que connait le pays depuis 2012, n’était présent samedi, faute d’entente avec la junte.
Les colonels qui ont renversé le président Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août dernier ont promis de rendre les commandes aux civils à l’issue d’une transition. Mais la forme et la durée de la transition, deux sujets de friction avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), qui a imposé des sanctions aux nouveaux dirigeants militaires, ne sont pas encore fixées.
La junte a proposé initialement trois ans sous la conduite d’un militaire, avant de rabaisser la durée à deux ans et de se dire ouverte sur le choix de son dirigeant. Le M5-RFP a de son côté proposé une transition d’une durée de dix-huit à vingt-quatre mois, avec des civils aux manettes des institutions. Les dirigeants ouest-africains réclament pour leur part une « transition civile » et des élections dans les douze mois à venir.