La présidente de la Banque centrale de Russie, Elvira Nabioullina a déclaré hier lundi devant la Douma, la chambre basse du Parlement russe, que l’inflation, qui bat des records en Russie, est un «désastre» car elle appauvrit la population.
Dans un rappel à l’ordre au gouvernement assez rare pour être noté, la présidente de la Banque centrale a affirmé devant les députés ne pas être d’accord avec la ligne directrice mise en avant par l’exécutif de maintenir le taux d’intérêt bas pour que le crédit augmente partout alors qu’un taux élevé de l’inflation détruit la prospérité.
Pour freiner la hausse des prix, elle n’a d’ailleurs pas hésité à augmenter le taux directeur, actuellement de 7.50%. Et hier lundi, elle a une nouvelle fois critiqué les mesures de plafonnement administratif de certains prix prises par le gouvernement, les jugeant nuisibles pour l’économie.
A demi-mot, Elvira Nabioullina a semblé critiquer une certaine inaction en termes de soutien à la population, dont les revenus ont été affectés par la pandémie.
La flambée des prix des produits alimentaires, comme ailleurs dans le monde, est un coup dur pour une population russe vivant souvent sur le fil du rasoir, avec très peu d’épargne. Et malgré ce contexte, les aides sont restées très limitées, alors même que le fonds souverain russe, qui doit pourtant servir de réserve en cas de coup dur, dépasse les 190 milliards de dollars.
Cela fait plusieurs mois qu’Elvira Nabioullina, une des seules voix occasionnellement critiques des politiques gouvernementales généralement ordonnées par le président Vladimir Poutine et à qui la Russie doit en partie la sortie de la crise économique et financière en 2015/2016, tire la sonnette d’alarme face à l’inflation. En octobre, l’inflation a atteint 8,1% sur un an, un record depuis 2016, alors que l’objectif de la Banque centrale est de 4%.