Les juges français ont décidé cette semaine de mettre en examen Eric Woerth, ancien trésorier de l’ex-président français Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle de 2007, pour «complicité de financement illégal de campagne».
Eric Woerth s’est vu notifier sa mise en examen mardi matin lors d’une convocation chez les juges du pôle financer du tribunal de Paris. Ces derniers mettent en avant l’«ampleur de la circulation d’espèces» au Quartier Général de campagne de Nicolas Sarkozy que la police anticorruption de l’Oclciff avait pointé du doigt dans un rapport de septembre 2017.
Les trois juges font un lien entre ces sommes en liquide et celles qui auraient été versées au camp Sarkozy par le régime de Kadhafi, comme l’affirment d’anciens dignitaires libyens et le sulfureux intermédiaire Ziad Takieddine.
Mais selon son avocat Me Jean-Yves Leborgne, la mise en cause de son client Eric Woerth «se fonde sur l’identification de sommes en espèces, très faibles pour ne pas dire dérisoires au regard du coût d’une campagne présidentielle», soit moins de 4.000 euros de remboursements aux collaborateurs pendant la campagne et des gratifications de l’ordre de 7.000 euros versées après l’élection.
Eric Woerth avait expliqué aux enquêteurs que cet argent provenait de dons anonymes déposés à l’accueil de l’UMP ou du QG de campagne, voire envoyés par courrier, pour un montant global compris entre 30.000 et 35.000 euros, mais cette explication avait été démentie par certains témoignages des anciens employés concernés.
La mise en examen d’Eric Woerth survient deux mois après celle de Nicolas Sarkozy lui-même. Les investigations sur la campagne victorieuse de Nicolas Sarkozy ont été ouvertes en 2013, après les révélations un an plus tôt de Médiapart qui avait fait état d’une note attribuée à l’ex-chef des services secrets extérieurs libyens.
Ces investigations ont également entraîné les mises en examen Claude Guéant, le directeur de campagne de l’époque de Nicolas Sarkozy. Mais malgré de nombreux témoignages recueillis, aucune preuve formelle n’a pu être relevée.