En Afrique du Sud, les organismes de lutte pour un accès plus juste aux vaccins contre le coronavirus n’ont pas caché leur indignation suite aux informations relayées par le New York Times, d’après lesquelles au moins 32 millions de doses Johnson & Johnson fabriquées sur place, au niveau de l’usine locale d’Aspen, ont été exportées vers le continent européen.
Le laboratoire concerné a déclaré avoir fait tout son possible pour prioriser l’Afrique du Sud. Mais, à en croire l’article du quotidien américain, le pays aurait été contraint à conclure une clause ne lui permettant pas de jouir en priorité des vaccins conditionnés sur son sol.
Ces vaccins ont été envoyés en Europe pendant que l’Afrique du Sud était confrontée à une troisième vague. « Cela s’est passé ces derniers mois, lorsque l’Afrique du Sud avait vraiment besoin d’approvisionnement, notamment en doses de Johnson & Johnson. Grâce à leurs conditions de stockage, elles auraient pu être utilisées pour vacciner à grande échelle les zones rurales », a regretté Fatima Hassan, la fondatrice d’Health Justice Initiative, une organisation se battant pour l’équité sanitaire.
Pour Moses Mulumba, le patron du centre ougandais pour la santé, les droits de l’Homme et le développement (CEHURD), c’est aussi une déception pour le reste de l’Afrique, dont moins de 2 % de la population est immunisée contre le Covid-19. « Cette approche coloniale qui consiste à utiliser le sol africain pour permettre à d’autres continents de sortir de la crise n’est pas acceptable. Et on nous parle toujours de coopération entre pays du sud, mais cela ne vaut rien si on envoie les vaccins ailleurs », a-t-il estimé.