Vivement attendue du fait de l’importance des enjeux, le sommet « extraordinaire » de l’Union européenne suite aux drames survenus récemment en Méditerranée s’est soldé par un compromis minimal.
Le seul résultat concret qui ressort de cette session est le relèvement de l’opération Triton qui voit son budget triplé pour atteindre les 9 millions d’euros mensuels, ce qui correspond au niveau des moyens consacrés antérieurement par l’Italie à l’opération de sauvetage Mare Nostrum. Cette opération avait été arrêtée en octobre 2014 parce que certaines capitales européennes estimaient qu’elle facilitait la tâche des passeurs en recueillant des milliers de personnes. Le mandat de l’opération Triton n’est pas modifié mais ses possibilités d’intervention dans les sauvetages se trouvent étendues. Le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Belgique et la France ont par ailleurs annoncé une participation accrue aux opérations conduites par l’agence Frontex.
Par contre, la proposition de la Commission européenne de saisir et de détruire les embarcations utilisées par les réseaux criminels s’est heurtée comme prévu aux contraintes du droit international, les Européens souhaitant au préalable obtenir l’aval du Conseil de sécurité des Nations unies. L’idée de quotas de répartition des migrants est passée aux oubliettes et cette répartition ne se fera que sur une base volontaire.
Le Parlement européen, comme l’avait fait le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, a critiqué le manque d’ambition de l’engagement des Vingt-Huit. Les différents groupes qui le composent continuent à défendre leurs propositions qui comprennent notamment une politique d’asile commune aux Vingt-Huit, l’instauration d’un système contraignant pour répartir les réfugiés entre tous les pays, une mission onusienne de stabilisation en Libye, l’aide à l’opposition démocratique syrienne ainsi que le développement d’un système de visas humanitaires qui n’obligerait plus les gens à s’en remettre à des réseaux criminels.