Les préparatifs pour la conférence de Genève sur la Syrie patinent dans les divergences entre Washington et Moscou sur des questions liées à la participation de l’Iran ou à un cessez-le-feu limité à défaut d’accord sur les questions de fond.
Les modalités d’une transition politique en Syrie sont le véritable point d’achoppement entre les divers protagonistes, réunis à Paris en prévision de la conférence de Genève du 22 janvier. L’opposition armée, soutenue par les Etats-Unis et les pays du Golfe notamment, continue d’exiger le départ de Bachar Assad au moment où la Russie et l’Iran continuent d’appuyer de toutes leurs forces le régime de Damas. Autre point de divergence entre Washington et Moscou, la participation de l’Iran et de l’Arabie Saoudite. La Russie juge que la présence de ces deux puissances régionales est « impérative » compte tenu de leur implication directe dans le conflit syrien, alors que les Etats-Unis s’opposent à la participation de Téhéran.
L’administration américaine n’envisage la participation de l’Iran qu’à la condition que Téhéran accepte la transition politique. Une condition qui se traduirait par la formation d’un gouvernement provisoire regroupant l’opposition armée et des représentants du régime de Damas. Cette exigence signifie l’acceptation implicite du départ de Bachar Assad, ce que l’Iran et la Russie continuent de refuser obstinément. Damas a d’ailleurs réitéré que toute transition devrait être conduite par Assad en personne. De son côté, l’opposition reste divisée entre participationnistes et djihadistes réfractaires. Dans ce climat de doute, la réussite de Genève-2, ni même sa réunion dans les délais prévus, n’est pas acquise à quelques jours seulement de la date prévue.
C’est pourquoi à Paris, le secrétaire d’Etat américain, John Kerry et son homologue russe, Sergueï Lavrov, ont essayé de contourner l’obstacle du départ de Bachar Assad en s’accordant sur d’autres questions. Outre un cessez-le-feu limité à la région d’Alep, ils ont proposé des échanges de prisonniers entre Damas et la rébellion. Ils ont aussi évoqué l’instauration de « couloirs humanitaires », une demande formulée par l’opposition armée qui est mise à rude épreuve depuis plusieurs semaines par l’armée régulière.