Après plusieurs jours de violences, Madagascar a connu un dimanche relativement calme, notamment à Antananarivo, Diego-Suarez et Tamatave, trois villes touchées par les affrontements et pillages du 26 septembre. Mais derrière ce répit apparent, la crainte d’un nouvel embrasement demeure à la veille de nouvelles mobilisations prévues lundi.
La plupart des commerces, banques et stations-service restent fermés, accentuant l’inquiétude des habitants. Le groupement des distributeurs a tiré la sonnette d’alarme : les destructions massives et les vols compromettent désormais l’approvisionnement en biens de première nécessité pour des millions de Malgaches. Les filières locales de production et de distribution, déjà fragiles, pourraient être durablement désorganisées.
Ces violences, déclenchées par le mécontentement face aux coupures d’eau et d’électricité, révèlent des tensions sociales profondes. Elles traduisent une perte de confiance envers l’État, incapable de garantir des services de base et de protéger les infrastructures économiques. Le risque est désormais de voir une crise énergétique et sociale se muer en crise humanitaire, si la chaîne logistique de l’alimentation venait à se rompre.
De retour sur la Grande Île, le président Andry Rajoelina a réuni dimanche les forces de sécurité pour présenter sa stratégie de protection des biens et des personnes. Mais cette réponse sécuritaire, bien que nécessaire, ne suffira pas à apaiser une population exaspérée par des années de défaillances structurelles.
La situation actuelle place Madagascar devant un double défi : rétablir l’ordre sans aggraver la fracture sociale, et surtout rétablir rapidement l’accès aux biens essentiels. Faute de quoi, les manifestations pourraient se transformer en crise de survie.