Loin de régler tous les différends entre les deux pays, la visite ce mercredi à Ankara, du prince héritier des Emirats arabes unis, Mohammed ben Zayed a permis d’officialiser le réchauffement des relations avec la Turquie, particulièrement dans le volet de la coopération économique.
La visite de Mohammed ben Zayed au président turc Recep Tayyip Erdogan ne s’est pas conclue par une conférence de presse commune, mais a permis la signature d’une dizaine d’accords de coopération économique entre les deux pays.
Le fonds souverain d’Abou Dhabi (ADQ) et le fonds souverain de la Turquie ont conclu un accord de coopération stratégique et un autre prévoyant la création d’un fonds dédié aux investissements dans les sociétés technologiques turques.
L’ADQ a aussi signé un autre accord avec l’Agence d’investissement de la présidence turque pour des partenariats et des projets d’investissements directs dans des domaines aussi variés que l’énergie, les transports ou les services financiers. D’autres accords impliquent la société portuaire d’Abou Dhabi et le fonds souverain de Turquie, mais aussi la bourse d’Istanbul et celle d’Abou Dhabi.
Alors que la monnaie nationale turque a perdu plus de 40% face au dollar depuis le début de l’année et que l’inflation frôle les 20%, le président Erdogan compte sur les Emirats arabes unis pour fournir à l’économie turque une partie des investissements dont elle a grand besoin en ce moment, pour un total d’au moins dix milliards de dollars.
Cette rencontre, la première de ce niveau entre les dirigeants des Emirats arabes unis et de la Turquie, devait permettre d’aplanir les nombreuses divergences entre les deux pays qui aspirent à un rôle régional et qui se sont opposé notamment sur le dossier libyen, où chacun soutient un camp adverse, ou encore en Méditerranée orientale où les Emirats ont pris le parti de la Grèce et de Chypre.
Les motifs de colère entre les deux pays se sont accumulés au fil des années, surtout depuis le coup d’Etat avorté de juillet 2016, quand le président Erdogan a accusé le prince héritier émirati d’en être l’un des instigateurs, et les liens se sont encore dégradés en 2017 lors du blocus du Qatar, proche allié d’Ankara, décrété par l’Arabie saoudite et suivi par les Emirats.