L’ambassadrice américaine auprès de l’ONU, Samantha Power a estimé mercredi lors d’une séance du Conseil de sécurité de l’ONU, qu’«arrêter les journalistes et persécuter les voix dissidentes alimente l’extrémisme violent au lieu de le prévenir».
Des propos apparus comme une critique à peine voilée à l’endroit de l’Egypte, d’autant plus que ce pays assure, durant ce mois, la présidence de l’organe exécutif des Nations Unies.
Alors que cette séance était dirigée par le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukry, Mme Power a soutenu qu’«arrêter des journalistes, condamner à mort des reporters, traiter les médias comme des ennemis de l’Etat, de telles actions sont totalement improductives».
En lieu et place, la représentante des USA auprès des Nations Unies prône «l’action judiciaire», qui, à son avis, «est un instrument capital dans la lutte contre l’Etat Islamique … (qui) ne doit pas être brandi comme un gourdin contre ceux qui expriment des opinions impopulaires ou critiquent les autorités ». Et de conclure en s’adressant à Choukry qu’«un tel comportement ne prévient pas l’extrémisme violent, il l’alimente».
Pour information, Mme Power et le chef de la diplomatie égyptienne s’étaient entretenus mardi en privé.
En réaction, le ministre égyptien des Affaires étrangères a estimé que les déclarations de la diplomate américaine revêtaient un caractère général et ne prenaient pas particulièrement pour cible Le Caire. Toutefois, il a déploré, dans ces propos, un mélange entre la lutte contre le terrorisme et d’autres questions, assurant qu’en Egypte «nous respectons la liberté d’expression, nous respectons la liberté du journalisme».
Pour rappel, dans un contexte de mécontentement croissant contre le pouvoir égyptien, les forces de l’ordre ont effectué début mai une descente au siège de l’organisation syndicale des journalistes et en ont arrêté deux journalistes qui travaillent pour le compte d’un site de l’opposition.