Les renseignements français ont profité du maintien en Syrie de Lafarge, sans lui en donner l’ordre

La presse française vient de divulguer le témoignage d’un officier de la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) française selon lequel ses services ont procédé à une collecte d’informations «opportunistes» mais n’ont donné «aucune consigne» à Lafarge de rester en Syrie.

La cimenterie est mise en examen pour «financement d’une entreprise terroriste» et «complicité de crimes contre l’humanité». Elle est soupçonnée d’avoir participé au financement de l’Etat islamique pour maintenir son unité de production en Syrie entre 2011 et 2015.

Sur cette période, elle aurait déboursé près de 13 millions d’euros au profit d’intermédiaires et de groupes armés, dont l’organisation Etat islamique, pour maintenir la production dans son usine de Jalabiya alors que le pays s’enfonçait dans la guerre.

Selon l’officier de la DGSI interrogé le 18 novembre par la juge d’instruction Charlotte Bilger, les renseignements français ont agi de manière opportuniste et cynique en profitant du maintien sur place de Lafarge, mais ils ne leur auraient jamais demandé de rester.

Initialement chargée de conseiller l’entreprise sur la protection de son patrimoine selon une pratique courante, la DGSI a, par la suite, profité du maintien en Syrie de Lafarge pour récupérer de l’information pour détecter des individus, en particulier les Français partis pour le Djihad en Syrie.

Cette enquête a pour objectif de faire la lumière sur ce que savaient ou non les autorités françaises sur les agissements de Lafarge et si la diplomatie a ou non laissé faire, voire encourager le cimentier.

La défense du cimentier cherche à dresser un tableau compet de la situation en Syrie à l’époque des faits. Lafarge, qui a fusionné en 2015 avec le Suisse Holcim,  avait fini par abandonner sa cimenterie en septembre 2014 quand l’organisation djihadiste Etat islamique s’en était emparée.

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