Le patron de la station algérienne Radio M et du portail d’information «Maghreb émergent», Ihsane El Kadi, a été placé sous contrôle judiciaire mardi «par le juge d’instruction près le tribunal de Sidi M’hamed (à Alger)», rapportent deux médias proches du Hirak.
Ihsane El Kadi a été présenté mardi devant le procureur après avoir été convoqué la veille par la gendarmerie en « procédure d’urgence».
D’après le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), ce journaliste, figure avant-gardiste des médias indépendants de ce pays maghrébin, est accusé de «diffusion de fausses informations à même de porter atteinte à l’unité nationale», «perturbations des élections» et «réouverture du dossier de la tragédie nationale» des années 1990.
Pour rappel, le ministère algérien de la communication a porté plainte contre ce professionnel des médias suite à la parution d’un article sur le site de Radio M, le 23 mars dernier, dans lequel le journaliste se prononçait en défaveur de la «diabolisation» du mouvement islamo-conservateur Rachad, inscrit dernièrement sur la liste algérienne des organisations terroristes.
Si jamais M. El Kadi est inculpé, il pourrait écoper d’une peine allant de deux à cinq ans de réclusion et ce n’est pas un cas isolé. Actuellement le régime algérien s’acharne à museler toutes les voix critiques et à réprimer systématiquement les manifestations pacifiques du Hirak, un mouvement populaire spontané qui revendique depuis plus de deux ans, un changement radical du régime et la mise à l’écart des généraux de l’armée qui tiennent discrètement les commandes du pays.