Hier soir la situation était encore très confuse après deux annonces retentissantes de l’administration américaine, à savoir le commencement, puis 24 heures après le report de négociations directes avec les talibans afghans. Cette éventualité a créé un froid entre Washington et Kaboul qui a immédiatement suspendu les négociations sur un accord de sécurité avec les Etats-Unis en rapport avec le départ l’année prochaine des troupes combattantes de l’OTAN.
Tout a commencé mardi soir quand américains et talibans ont annoncé une rencontre dans les prochains jours, après l’ouverture à Doha au Qatar d’un bureau de représentation taliban destiné à favoriser le dialogue et l’entente avec les pays du monde. La nouvelle a été perçue comme un coup de tonnerre à Kaboul, d’autant plus que les talibans ont baptisé leur bureau à Doha l' »émirat islamique d’Afghanistan », la même appellation que le gouvernement du mouvement islamiste qui était au pouvoir de 1996 à 2001. Cette dénomination confère aux talibans une aura supérieure à celle d’une organisation terroriste ou même d’un parti politique, mais bien celle d’une ambassade, voire d’un gouvernement légitime. La volonté des Etats-Unis de négocier avec eux serait alors particulièrement préjudiciable au gouvernement en place à Kaboul, les laissant en marge du processus de réconciliation nationale.
Hier, la présidence afghane qui s’est donc sentie mise à l’écart, est immédiatement montée au créneau en annonçant la suspension des négociations avec les Etats-Unis qui devaient permettre à un contingent américain de rester dans le pays après 2014, menaçant également de boycotter les discussions de paix avec les talibans à Doha. Les américains, qui s’étaient de toute évidence laissés emporter par leur volonté de clore au plus vite le dossier afghan, ont alors fait marche arrière. Le secrétaire d’Etat américain John Kerry, qui avait la veille personnellement qualifié la création du bureau taliban à Doha de bonne nouvelle, a appelé Hamid Karzaï pour démentir des entretiens cette semaine avec les talibans.