Un bon nombre de réfugiés établis en Allemagne, exercent des jobs rémunérés à un euro (1,1 dollar) de l’heure, néanmoins la question de l’efficacité de cette opportunité de travail pour une bonne intégration de ces migrants au sein du marché national de l’emploi suscite un large débat dans le pays.
Arroser des plates-bandes, distribuer des repas ou réparer les lits, voici quelques-uns des petits boulots que font des milliers de réfugiés outre-rhin pour gagner un euro par heure. Zaïd, un réfugié irakien âgé de 23 ans, qui fait partie de cette catégorie, travaille dans un gymnase de Berlin centre d’hébergement d’urgence pour migrants. Il distribue de 18h30 à 20h00, des dîners à 152 autres réfugiés originaires non seulement d’Irak mais également d’Afghanistan, de Moldavie ou de Syrie. Ne pouvant pas dépasser les 20 heures de travail par semaine, Zaïd ne peut toucher au-delà de 84 euros (92,4 dollars) le mois.
A cela s’ajoutent les 143 euros (157,3 dollars) d’indemnité qu’il reçoit pendant l’examen de sa demande d’asile. Néanmoins, ce jeune irakien est content de pouvoir, par le biais de ce job, d’être en contact avec des autochtones et de pouvoir pratiquer son allemand.
A l’heure actuelle, 3 925 réfugiés sont employés dans 75 centres d’hébergement situés dans la ville de Berlin. Celle-ci envisage à présent d’élargir son offre d’emplois à un euro de l’heure aux associations reconnues d’utilité publique. En Bavière, un des Etats régionaux accueillant le plus de demandeurs d’asile, 9 000 réfugiés font ce type de jobs. La ministre allemande du Travail, Andrea Nahles, s’est engagée à créer 100 000 postes similaires pour les réfugiés, les présentant comme « un tremplin » pour intégrer, par la suite, le marché de l’emploi.
A l’origine, ces petits boulots avaient été lancés outre-rhin pour les chômeurs de longue durée. D’après Ronald Bachmann, économiste à l’institut RWI d’Essen (ouest), « il est très, très rare qu’ils permettent un retour dans le marché du travail du travail car on y apprend peu de choses ». Pour sa part, le responsable de la Fédération allemande des syndicats (DGB), Reiner Hoffmann, est opposé à ces jobs pour migrants et estime nécessaire, pour l’Allemagne, de disposer d’un programme plus ambitieux d’intégration des réfugiés à l’économie allemande. De son côté, Holger Schäfer, spécialiste du marché du travail à l’institut IW, pense qu’ « on subventionne ainsi l’exclusion des réfugiés du marché de l’emploi ».